jueves, 6 de octubre de 2011

Maroc: le Mouvement du 20 février peine à mobiliser et sa faiblesse tient à l'absence de clarté de son programme

RABAT — Sans véritable soutien populaire, et sans lien fort avec les protagonistes sociaux traditionnels, le mouvement de contestation du 20 février au Maroc a reconnu avoir du mal à mobiliser les masses, plus de sept mois après sa naissance.
Dans un récent document interne de la section de Rabat du Mouvement, dont l'AFP a obtenu une copie, des militants ont reconnu "une faiblesse de la mobilisation au niveau des quartiers, faiblesse du soutien réel des syndicats, associations et autres entités".
Le document appelle aussi "à réécrire la plate-forme du mouvement pour la rendre plus simple et plus claire."
Pour autant, le M-20, composé de cyber-militants indépendants, d'islamistes et d'activistes d'extrême gauche, continue de défendre ses revendications et de manifester régulièrement dans les grandes villes.
En dépit de l'enthousiasme qui l'avait soutenu au début de la vague de contestation dans des pays proches, comme la Tunisie ou l'Egypte, le Mouvement semble toujours boudé par les classes moyenne et ouvrière.
Et sa composition hétérogène, avec des islamistes et des gauchistes qui militent indépendamment apparaît, au yeux même des participants, comme un handicap.
"Quand les gens entendent qu'une partie du mouvement est constituée d'islamistes fanatiques et de fanatiques communistes, ils ont peur".
Et les autorités ne se privent pas d'accuser régulièrement le mouvement islamiste Justice et bienfaisance de "noyauter" et de "manipuler" les jeunes du 20 février.
Justice et bienfaisance est une association, interdite mais tolérée, qui bénéficie d'une bonne implantation dans les quartiers populaires grâce à son action sociale.
Une autre faiblesse du M-20 tiens à l'absence de clarté de son programme.
Les revendications du Mouvement --"liberté, dignité et justice sociale"-- "doivent trouver le passage de la parole", souligne le prince Moulay Hicham, cousin du roi Mohammed VI, dans un entretien à la revue française Le Débat.
Face à la contestation du M-20 qui n'a jamais pris la tournure violente des manifestations en Tunisie ou en Egypte, la monarchie a répondu en révisant la constitution.
"La monarchie a eu l'habileté de mobiliser un certain nombre d'organisations politiques et syndicales autour de son projet de révision constitutionnel", a souligné à l'AFP Jean-Claude Santucci, de l'Institut d'Etudes politiques (IEP) d'Aix-en-Provence.
Malgré ses lacunes, le M20 manifeste régulièrement dans les villes du Maroc pour faire prévaloir ses revendications démocratiques, et continuera de le faire, assure à l'AFP Najib Chaouki, un militant de la section de Rabat.
"Il ne faut pas brusquer les choses. Nous ne sommes pas dans une course au pouvoir; il faut accepter que les choses mûrissent", affirme pour sa part M. Abdelmoumni pour qui les principaux enjeux du mouvement restent "l'éradication de la corruption et la monarchie parlementaire".
Source: tiré d'une depêche de l'AFP